VICTOR GINGEMBRE (né en 1988)

Le Rêve d’Aphrodite

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Sculptures
BIOGRAPHIE

Victor GINGEMBRE (né en 1988)

 

Victor Gingembre nourrit sa passion pour la sculpture depuis l’âge de six ans.
 En commençant par le dessin et le modelage, il travaille la terre et le bronze dans l‘atelier de Hans Marks et d’Arnaud Kasper.

A huit ans, il découvre le marbre, à l’atelier de Maurizio Toffoletti, qui l’accepte parmi ses élèves adultes ; puis à Carrare où il est fasciné par la matière et l’atmosphère des carrières. Sculpter le marbre relève d’une étude sur la lumière et la sensibilité des formes. Après un travail initial figuratif, la recherche de l’artiste tend vers une source d’inspiration plus personnelle : la découverte de nouvelles formes et matériaux faisant écho à des lignes et volumes infinis en quête d’une expression idéale.

L’artiste aborde le thème du corps féminin, avec tension, mouvement et sensualité, d’après modèle vivant, en magnifiant par ses transgressions plus que par une stricte fidélité du réel. Ainsi, il réalise des symphonies de lumière, d’ombre et de texture, dictés par son oeil créateur et sa main traductrice de sentiments.

Diplômé d’architecture en 2012, cette formation influence considérablement son travail, ses sculptures deviennent spatiales et monumentales invitant ainsi l’observateur à y prendre place. L’exposition du Louvre présentait une sélection de quelques unes de ses œuvres de grandes tailles.

Réf. 5855

Bronze
Rossini Fondeur

DIMENSIONS :
H : 100 cm
L : 23 cm
l : 23 cm

 

Aphrodite, déesse de l’amour, à la vie imprévisible, la fureur du délire, le désir invincible; le gémissement ! Elle a en elle l’empressement, l’apaisement et la violence de l’amour. Sophocle.

Le RÊVE D’APHRODITE naît à Carrare en 2009, dans un bloc de marbre vertical, compact et dur. Sous la lumière de Toscane, le marbre se transforme progressivement en lignes fluides et continues, guidant l’observateur vers une silhouette imaginaire.

L’œuvre en marbre est ensuite moulée par les maîtres d’art de l’atelier Lorenzi à Paris, mouleur statuaire depuis 1871. Le moule permet d’obtenir la cire, qui servira à préparer la fonte.

L’œuvre en bronze laisse apparaître une richesse de nuances dans sa patine noire d’ivoire. Grâce au partage d’expertise entre la fonderie Rosini et l’artiste, chaque couleur du bronze en fusion est sublimée dans son identité tout en étant mêlée harmonieusement : le brun et le rouge cuivré, le bleu et le vert de gris, l’ocre plus lumineux. Les différents oxydes réagissent à haute température: il s’agit de créer un mélange inédit pour que toutes les couleurs exhalent et qu’aucune ne domine. Cette patine du bronze constitue la touche finale, plus charnelle qu’un parfum pour offrir au RÊVE D’APHRODITE sa propre personnalité, son propre mystère.

En tournant autour, l’œuvre change d’aspect et se dévoile, dessinant les contours d’un rêve toujours mouvant. Les matériaux nobles, la précision du geste artistique et le temps long donnent à l’ouvrage sa qualité unique.

Matière première

Les sculptures de Victor Gingembre évoquent la féminité par l’adoration du plein et du vide ; le vide invisible creuse le regard externe qui désir le saisir ; le vide nous invite à rassembler dans nos pensées les parties et le tout. Dans Le Banquet, Platon disait « on ne désire que ce dont on manque », le vide nous plonge au plus profond de nous même, fascine notre âme et provoque notre désir existentiel en quête de mouvement perpétuel.

À travers le marbre, la résine, le bois et le bronze, l’artiste conçoit des formes abstraites du corps, pour rendre l’impression dynamique du mouvement. La sculpture devient une expérience ouverte et vivante, profondément attachée à la matière, seule réalité absolue, mais également évocatrice d’un univers poétique et romantique de l’imagination, qui confère aux œuvres un sens spirituel.

L’imagination prend forme à partir de la matière réelle et vitale, dont l’homme même est fait et ne cesse de questionner son désir de connaissance, son potentiel inconnu. Cette matière réelle est la source de toutes les représentations, projections et émotions humaines. La sculpture est un voyage dans un univers aux formes multiples, que l’artiste libère et qui font écho à notre propre expérience, notre mémoire ; l’expérience complexe et riche de la vie et sa spiritualité sont traduites avec passion dans la matière. L’amour pour le nu féminin guide l’inspiration de l’artiste.

Le corps d’ELAMORE, sculpté en 2010 et présenté pour la première fois à Paris, au Sénat en 2012, s’exprime par la sensualité des courbes féminines. Stylisées et infinies, les lignes dessinent les profils du corps et lui confèrent un élan vital. La tête évidée devient suggestive créant une dichotomie entre la matérialité de la chair et le détachement de la pensée.

EROTIC BRIDGE est l’histoire d’une muse séduisante, dont le corps se tord pour se déployer avec volupté. Le visage n’existe pas, la figuration disparaît dans le vide au profit de l’abstraction généreuse des courbes. L’artiste privilégie la gravité plutôt que l’image en exprimant la sensation volumineuse du corps ; l’espace se contracte et s’organise autour de l’œuvre et du contemplateur. La fonction de présence de l’œuvre prend le pas sur la fonction de représentation. La sculpture se dévoile dans une infinité de positions et de points de vue, elle enchante par sa sensualité.

Pour EROTIC BRIDGE TOGETHER présentée sur la place du Louvre en 2013, l’assemblage des corps en équilibre forme un espace intérieur qui invite la découverte du contemplateur sous différents points de vues. L’œil perd les notions de l’au-dessus et de l’au-dessous. L’affrontement de deux masses blanches et noires superposées provoque une expérience physique et dynamique de l’espace. Les nouvelles sculptures traitent de la circularité ; elles invitent à une rotation autour d’elles et leur force réside dans cette forme de gravitation, de nouveaux espaces sont générés. En tournant autour, les sculptures se transforment dévoilant progressivement les contours d’un rêve mouvant.

Dans IN BETWEEN, le volume devient abstrait et le vide figuratif jaillit comme une apparition. Les sculptures prennent forme dans le vide et invitent le spectateur à leur découverte. L’extérieur devient l’intérieur et inversement. L’entre-deux a une présence forte et communique un sentiment plus profond du désir par l’absence. Heidegger définit l’entre-deux par cette fameuse phrase : « ce ne sont pas les rives qui définissent le pont mais le pont qui définit les rives ».

Les nouvelles œuvres ne s’érigent pas, mais s’élèvent comme dans une forme de tournoiement naturel, le mouvement semi-circulaire des corps dans l’espace génère une profondeur qui nous absorbe. Dans METAMORPHOSE, le corps évolue dans l’espace pour exprimer la féminité en trois moments qui symbolisent le détachement du passé, présent et futur où la quête du mouvement, de l’être dans son temps.

Ce mystère de la découverte progressive des corps se dévoile dans l’espace sous différents angles au fur et à mesure de notre déambulation autour de l’œuvre. Selon Richard Serra, introduire la temporalité dans la sculpture signifie un dévoilement progressif de l’œuvre au regard de son contemplateur. Dans les nouvelles sculptures de Victor Gingembre, les translations du corps dans l’espace se font sur un plan horizontal pour conserver la mémoire du corps dans la forme. En revanche, les silhouettes des corps de femmes introduisent par leurs aspects concaves une perte de soi dans l’œuvre.

Le nu féminin est une source d’inspiration infinie pour l’artiste ; Les muses penchées ne tiennent que par leur déséquilibre. La fonction d’équilibre du corps féminin étant purement inconsciente tandis que l’imaginaire autour de l’œuvre prône l’instabilité, ainsi vécue par l’amour de la beauté, de la femme et de son temps.

 

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